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Parler de mon handicap avec mes responsables

Dernière mise à jour : 17 juil. 2024

Anne-Lise souffre d’une maladie psychique qu’elle ne connaissait pas, qui l’a empêché de travailler sereinement pendant une période. Soutenue par ses proches et une association, elle a entamé un parcours difficile pour comprendre et soigner sa maladie, reprendre confiance en elle et retrouver une activité professionnelle où elle s’épanouisse.


Vous avez traversé une période où votre épanouissement au travail était fragilisé par votre santé, acceptez-vous de nous en parler ?

 

Il y a environ 7 ans, je travaillais comme auxiliaire de vie scolaire dans une école primaire auprès de jeunes enfants handicapés et je me suis mise à multiplier les absences, les arrêts de travail. Je ne parvenais plus à pratiquer mon métier. Je m’occupais de ces enfants qui étaient eux-mêmes malades et j’estimais que dans mon état ce n’était pas cohérent. Je subissais des périodes de grosse fatigue, j’étais déprimée, angoissée. Ça a duré une dizaine de mois, jusqu’à ce que je décide moi-même de partir.

 

Pendant 3 ans, j’ai repris en présentiel des études en psychologie (que j’avais déjà commencé à distance), puis j’ai fini par être hospitalisée, à deux reprises. Avant ça, je n’avais pas encore pris conscience que j’étais malade, que j’avais besoin de soins.

 

Comment êtes-vous parvenue à reprendre confiance en vous, à retrouver un emploi ?

 

Mes parents, ma sœur et mon conjoint m’ont aidé à prendre les décisions importantes, à aller voir les bonnes personnes. Et si j’ai réussi à avancer et à reprendre un travail c’est avant tout grâce au diagnostic, à la reconnaissance de la maladie. Avant cela j’étais incapable de mettre des mots sur ce qui m’arrivait. Le traitement, aussi, m’a beaucoup aidé.  Après l’hôpital, on m’a conseillé de rejoindre le Clubhouse*, c’était en septembre 2017. J’y ai participé à plusieurs ateliers sur l’emploi, des simulations d’entretien et enfin, en février 2018, on m’a proposé ma première mission, une mission d’Intérim qui était pour moi un vrai retour à l’emploi. Je peux dire que j’ai vraiment été « relancée » par cette mission !

 

Ce sont les rencontres que j’ai pu faire au Clubhouse qui m’ont aidées. La rencontre d’Aude et Sandra, surtout, a été déterminante pour moi. Aude m’a donné confiance pour tenter les simulations d’entretiens, elle a tout de suite cru en mes capacités, en ce que je pouvais apporter à une équipe. Le diagnostic, le traitement et la confiance des personnes du Clubhouse, ce sont les trois choses indissociables sans lesquelles je n’aurais pas réussi.

 

Sur conseils de personnes du Club j’ai passé des entretiens pour la fonction publique et c’est finalement par un collègue de ma mère que j’ai eu connaissance d’une offre dans ce secteur. Quand c’est arrivée j’étais prête, j’avais de l’entraînement. L’entretien s’est bien passé et je suis ainsi devenue adjointe du patrimoine dans un musée pendant six mois. Je travaille toujours aujourd’hui avec ce statut, mais comme agent des bibliothèques, ça va bientôt faire un an et demi.

 

Comment vivez-vous votre maladie aujourd’hui dans le cadre de votre travail ? Est-ce que votre équipe est au courant ?

 

Il n’y a que les responsables des ressources humaines qui soient au courant du fait que je possède une Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH). Sur une quinzaine d’employés, seulement quatre savent et personne ne sait de quel type de handicap je souffre.

 

J’avais fait le choix de n’en parler à personne mais un dispositif d’aide à l’insertion des personnes handicapées (l’ADAPT) m’a proposé d’en parler dans le cadre du travail et, après un an au musée, j’ai finalement accepté de le faire. En vérité, ça m’a fait du bien d’en parler aux responsables de Ressources humaines, notamment pour le cas où j’aurais de nouvelles périodes d’absences. Ça a été très bien reçu, on ne m’a posé aucune question indiscrète, on m’a seulement demandé s’il y avait des choses plus particulièrement dangereuses ou compliquées pour moi.

 

Je fais le choix de ne pas en dire plus et à aucun autre employé et c’est très bien comme ça : je suis bien installée, personne ne me fait sentir que je suis malade. Je me sens particulièrement valorisée par le fait, par exemple, qu’on renvoie des personnes vers moi pour certaines questions. En vieillissant, j’ai plus de capacités à m’adapter à un nouvel environnement, on me confie des tâches variées et c’est important pour moi. Aujourd’hui je ne pourrais plus ne pas travailler, parce que c’est mon métier qui m’aide à avancer, j’en ai besoin : je sais qu’on compte sur moi.

 

 

*Le Clubhouse est un lieu d’accueil de jour et de réinsertion professionnelle partagé et co-géré par ses membres, porteurs de troubles psychiques. Il existe différentes maisons en France, par exemple à Paris et Lyon.

 

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